LE MONDE | 03.04.06 | 15h52
MILAN CORRESPONDANCE
Andrea Pirlo tire sur Clarence Seedorf. Filippo Inzaghi rampe dans les sous-bois et rejoint furtivement son groupe. Kaka, Dida et Cafu se dissimulent derrière les buissons pour préparer une embuscade à leurs ennemis. De la science-fiction ? Non, du team building.
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Le Milan AC continue de miser sur la psychologie pour préparer son équipe de vedettes et empêcher que leurs incompréhensions quotidiennes ne deviennent, à la longue, des tensions néfastes à l'équilibre interne. Après les séances collectives dans la mind room, où les joueurs, allongés sur des couchettes, couverts d'électrodes, doivent apprendre à dompter leurs peurs et à ne jamais se déconcentrer, les dirigeants du club ont décidé d'organiser des simulations de batailles dans les forêts autour du centre d'entraînement de Milanello, au sud de Varèse (Lombardie).
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"De grâce,
n'allez pas croire que l'on se tire dessus avec des
pistolets à eau", a réagi,
amusé, l'attaquant ukrainien Andreï Chevtchenko.
"Ce sont, au
contraire, des techniques raffinées, très prisées par les
managers des grandes entreprises, précise
Daniele Tognaccini, responsable du Milan Lab, la structure
médicale de l'équipe milanaise. Cela
consiste à créer des situations de stress où les
protagonistes doivent développer leur autocontrôle ou
renforcer leurs liens avec les autres pour sortir ensemble
d'une situation difficile."
On
apprend à se supporter. A mieux se connaître. Les "repas de
famille" du Milan AC ont le même but : souder le groupe.
Une fois par mois, tout le monde se retrouve dans un
restaurant, de l'entraîneur au masseur, des joueurs aux
dirigeants, du soigneur aux épouses. Jamais rien ne filtre
de ce qui s'y raconte.
Livio Sgarbi, le
"préparateur mental" personnel de l'entraîneur Carlo
Ancelotti, a insisté pour que le club développe ces
techniques : "Jouer à la
guerre est un moyen efficace et distrayant de stimuler la
fraternité, dit-il.
A l'avenir,
nous pratiquerons aussi la course d'orientation. L'idéal
aurait été de les faire coopérer sur des bateaux à voile,
mais, en hiver, et à Milan, c'était
problématique..."
Guillaume
Prébois
Article paru
dans l'édition du 04.04.06
www.lemonde.fr