En 1863, dans
l’ambiance enfumée et virile de la
Freemason’s Tavern de Londres, pressentant sans
doute que l’homme était questionné par le
darwinisme naissant, l’industrialisation
massive et les conquêtes coloniales, les
représentants des meilleurs collèges anglais se
mirent d’accord pour pratiquer et promouvoir un
jeu reposant tout entier sur la disparition de la
main. L’expansion fulgurante et durable
d’un sport qui oblige les joueurs à faire usage
de ce qu’il y a en eux de plus malhabile, ainsi
que le succès d’un marché qui organise le
spectacle du pied, ne sont pas des hasards de
l’Histoire. Car il fut un temps où l’on
interdisait à quelques centaines de personnes de
s’entretuer pour la possession d’un objet
vaguement sphérique (à Kingston-on-Thames on raconte
que la première partie se joua avec la tête
d’un prince décapitée) et de ravager une ville
pour fêter l’arrivée du carême. [Londres 1315].
Car il fut un temps -presque le nôtre- où l’on
autorisait des millions de téléspectateurs à se
réjouir qu’un petit homme rond et cocaïné
(Maradona) invoque « la main de Dieu ».
[Mexico, 1986]. Entre Londres et Mexico, le football
a eu le génie d’inventer « l’homme
qui a des mains à la place des pieds ».
LA CONTROVERSE PIED/MAINHypothèses sur
l’histoire du footballXavier de La PorteLivre
de 64 pages.